JAZZ : OFF SWING QUINTET Carmen Café Sorti le 4 novembre 2022 (Label Ouest / Hachette et Bayard Musique)

 

En concert au Bal Blomet
Dans le cadre des Concerts Jazz Magazine
Jeudi 2 février 2023 à 20h

Quand un projet éveille la sympathie de personnalités aussi diverses que Joann Sfar, Stéphane Sanseverino ou Roberto Alagna, c’est sans doute qu’il se passe quelque chose ! En conviant à leurs agapes Samy Daussat, spécialiste de la guitare manouche, quatre solistes de l’Orchestre de Paris accommodent les airs immortels du répertoire de l’Opéra à la sauce swing. Une gageure ! Au final ? Un fabuleux cocktail de virtuosité et d’émotion, à la croisée de deux mondes.
C’est sous l’impulsion du Off des Musiciens de l’Orchestre de Paris, une phalange d’instrumentistes de haut vol animés par l’envie, en marge de leur travail sur les scènes classiques, de partager leur art de manière libre et
engagée, que se constitue le « Off Swing Quintet ». En 2016, à l’occasion de « concerts promenades » autour de la musique italienne, au Musée de la Musique de la Philharmonie de Paris, une complicité se tisse spontanément entre
David Gaillard (alto), Olivier Derbesse (clarinette), Alexandre Gattet (hautbois), Mathias Lopez (contrebasse) et leur invité venu d’ailleurs, Samy Daussat (guitare). Les cinq partenaires décident immédiatement de prolonger
l’aventure. Ils se produisent alors dans plusieurs salles parisiennes (la Petite Halle, la Bellevilloise), ainsi qu’au festival Musique en Ré.
Pour les membres du groupe, le challenge consiste à proposer des adaptations originales dans un esprit « swing » de pièces du répertoire classique qu’ils pratiquent habituellement à l’Orchestre. Pour autant, ils ne conçoivent pas
cette rencontre comme une simple « juxtaposition » des deux univers, mais s’attachent au contraire à traquer dans les pièces qu’ils choisissent les connexions et autres enchaînements harmoniques qui vont s’avérer fructueux,
susceptibles de développements savoureux et pertinents, souvent propices à l’improvisation et à la spontanéité. Ils parviennent ainsi à débusquer quelques trésors, comme ce parallèle qui s’imposait entre le chœur à bouche fermée
de Madame Butterfly et le Tornerai de Dino Olivieri et Nino Rastelli, connu dans l’univers du swing grâce à la reprise instrumentale de la version française (J’attendrai), concoctée par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, ou ce
croisement frappé au coin de l’évidence entre le thème de La Tosca et celui non moins fameux des Feuilles mortes, popularisé par Yves Montand ou Miles Davis. Puccini, Rossini, Bellini, Tchaïkovski, Massenet, Wagner, Offenbach, Bizet, Prokofiev… sont ainsi revisités avec brio, à coups d’influences, suggestions, citations, transferts… Autant dire que l’auditeur n’est pas au bout de ses surprises à l’écoute de ce premier album du groupe, articulé autour de cette série de « tubes » de l’Opéra, tant les « passages » esquissés laissent entrevoir de merveilles insoupçonnées et de lumières purement chatoyantes.