Mercredi 20 février 2019
à 21h Au Studio de l’Ermitage
8, rue de l’Ermitage – 75020 Paris
Tél. : 01 44 62 02 86
Yonathan Avishai
Le pianiste franco – israélien Yonathan Avishai a apporté d’importantes contributions à la musique du trompettiste Avishai Cohen, comme en témoignent les deux disques Into The Silence et Cross My Palm With Silver.
En parallèle, au cours des cinq dernières années, il a développé son propre projet à la tête d’un magnifique trio composé de Yoni Zelnik, contrebassiste israélien installé à Paris, et de Donald Kontomanou, batteur français riche d’un double héritage, guinéen et grec. Parfois surnommée le Modern Times Trio, la formation s’est donnée comme but de revisiter et réinvestir dans son travail les multiples sens qu’a pu revêtir au fil du temps la notion de modernité. Ce nouvel album s’ouvre ainsi sur le fameux thème de Duke Ellington “Mood Indigo”, composé en 1930, mais pour Yonathan toujours on ne peut plus d’actualité « Ellington demeure un pianiste et un compositeur d’une incroyable modernité,” explique – t – il. “
Sa façon de toujours raconter une histoire en jouant m’a beaucoup influencé et ‘Mood Indigo’ est un morceau que j’aime depuis longtemps .” Une série de pièces originales suivent, dans lesquelles Avishai fait référence à une grande variété de musiques et d’expériences . C’est parce qu’il donne le sentiment de sonder continuellement au plus intime pour aller à l’essentiel tant au niveau du jeu que de l’écriture, qu’il parvient à unifier toutes ces sources d’inspiration.L’ornementation y est rigoureusement contrôlée ; pas une note de gaspillée dans cette musique. Quant aux valeurs ancestrales du blues et du swing, elles sont toujours efficientes dans le concept novateur d’Avishai. Voilà sans doute pourquoi sa musique ne cesse de danser dans les intervalles laissés entre les phrases.
Yonathan Avishai: piano
Yoni Zelnik:contrebasse
Donald Kontomanou: batterie
“ Je me sens profondément enraciné dans la tradition. Avant tout j’adore l’histoire et les perspectives qu’elle ouvre quand on l’étudie. Je suis particulièrement intéressé par l’histoire du jazz de Louis Armstrong à Cecil Taylor et au-delà.” Lorsqu’on lui demande à quel moment il a commencé à reconnaître les caractéristiques de son propre style, il répond: “Je pense que c’est passé par l’étape consistant à reconnaître les choses que je n’étais pas capable de faire. Je ne parle pas seulement ici de Compétence, mais de l’appréhension et de la compréhension des contextes dans lesquels votre propre voix est la plus expressive. J’ai compris à un certain moment que je gagnais en expressivité à jouer moins de notes . Et quand tu écoutes Lester Young ou Louis Armstrong et que tu vois comment ils peuvent te faire pleurer en huit mesures …” C’est à cette économie qu’il faut tendre , conclut-il.
Né à Tel Aviv, Yonathan Avishai a passé ses premières années au Japon, où son père étudiait .“Mes parents ont toujours été concernés par l’ art et la culture et ils m’ont fait découvrir énormément de choses au Japon.
J’ai notamment assisté à beaucoup de représentations de pièces kabuki,au point d’en devenir un vrai fan. Je sens que l’expérience de cette période demeure en moi quelque part. Indéniablement je suis sensible à un certain type d’esthétique et d’énergies– et même si je n’aime pas particulièrement le mot , on peut déceler un goût pour le ‘minimalisme ’ dans mon travail qu’on peut probablement faire remonter au kabuki.”De retour en Israël , Yonathan, comme il le dit si bien , “ a essentiellement grandi aux côtés d’Avishai Cohen.” Le pianiste et le trompettiste ont commencé à jouer ensemble alors qu’ils n’avaient que treize ans et n’ont depuis pratiquement jamais cessé leur collaboration. “ Nous sommes allés à a même école, avons vécu dans le même quartier et nos expériences sont très similaires y compris la découverte du jazz.” Dans le cas de Yonathan le processus a pris la forme d’un voyage rétrospectif partant du hiphop, du funk et de la fusion pour progressivement atteindre le cœur de la tradition. Son intérêt grandissant pour le jazz a été soutenu par une partie de sa famille vivant en France, qui lui a envoyé régulièrement des cassettes en Isra ël: “Thelonious Monk, Duke en trio Ellington Voilà les premiers pianistes que j’ai entendus et que j’ai aimés, Count Basie, Bill Evans… .” Yonathan a également bénéficié des encouragements de la communauté jazz israélienne: “ La scène jazz en Israël est vraiment formidable. C’est un pays minuscule, très éloigné des USA, mais il se passe vraiment quelque chose dans la musique . On possède de grands pédagogues , passionnés et très bien informés.” En 2000, Yonathan a déménagé en France. Installé pendant plus de dix ans en Dordogne dans le sud-ouest, il s’est rapproché deParis il y a quelques années et a rapidement fréquenté Yoni Zelnik et Donald Kontanomanou. “
Ça été très vite évident pour moi que j’avais rencontré les gens qu’il me fallait pour aller plus loin dans la musique et développer mon propre projet.” Les deux musiciens partagent en effet avec Avishai la même ouverture d’esprit et la même approche créative de la musique. Le batteur Donald Kontomanou joue depuis peu dans le New Monk Trio du pianiste Laurent de Wilde. Le contrebassiste Yoni Zelnik travaille quant à lui dans les groupes du pianiste Florian Pellissier et du batteur Fred Pasqua. Il a également tourné au sein du trio Triveni avec Avishai Cohen et Nasheet Waits. Les morceaux composant “Joys and Solitudes” prennent leur origine dans différents endroits. “Les pianos de Brazzaville”, par exemple,est une évocation de deux voyages que Yonathan Avishai a effectué en République du Congo en Afrique centrale . “Tango” est une réponse créative au disque Ojos Negros de Dino Saluzzi et Anja Lechner. “J’ai écouté ce disque non -stop pendant un mois . Ma pièce n’est pas une tentative d’écrire un tango, mais essaie plutôt de capturer certaines couleurs et saveurs que l’on trouve dans la façon dont les deux musiciens jouent dans ce disque “When Things Fall Apart” emprunte son titre au livre de l’auteur américain bouddhiste Pema Chödrön mais est inspiré par la musique d’Avishai Cohen. “C’est en fait une réponse directe à la composition d’Avishai ‘Into The Silence’. Même si je fais partie du groupe d’Avishai et ai participé à la création de cette musique, la façon dont cette pièce se développe est un peu mystérieuse et j’en aime le résultat émotionnel. La plupart des choses que j’écris sont simple mélodiquement et souvent en 4/4, mais avec ‘When Things Fall Apart’ j’ai voulu expérimenter une forme plus longue et plus complexe avec des espaces pour improviser, comme Avishai a l’habitude de faire.” Joys and Solitudes a été enregistré à l’Auditorio Stelio Molo RSI de Lugano en février 2018, sous la direction artistique de Mandred Eicher. L’album sera publié au moment où le trio débutera une tournée européenne. Plusieurs autres disques ECM avec Yonathan Avishai sont en préparation dont un duo avec Avishai Cohen.
Jazz Magazine
« …sa musique est une drogue douce pour faire danser le corps et calmer les esprits. Elle pousse au partage et aux réjouissances collectives et semble résonner comme un voyage dans le temps et dans l’espace, des Caraïbes à Harlem. »
Djam