Tony Frank photographe célèbre des sixties ( il fut photographe à Salut Les Copains) pour avoir été eu dans son objectif des artistes comme Johnny Halliday, Fats Domino, les Rolling Stones, Serge Gainsbourg, Eddy Mitchell… publie chez E/P/A éditions avec la complicité de Jean-Pierre Prioul 5 bis, rue de Verneuil. Cette adresse est connue quasiment dans le Monde car c’est là que Serge Gainsbourg vécu pendant plus de 20 ans.
A la demande de Charlotte Gainsbourg qui souhaiterait en faire un musée à l’avenir, Tony Frank a photographié la maison telle que Serge Gainsbourg l’a laissée à sa mort le 2 mars 1991. Entretenue méticuleusement par Jean-Pierre Prioul, à la fois homme à tout faire et confident de l’artiste qui a juré de veiller sur ce lieu où le temps semble s’être arrêté. Les objets de cette maison ont une âme, celle de Serge Gainsbourg qui les avait disposé précisément, savamment presque, avec méticulosité, créant une harmonie de lignes, de couleurs et d’ambiance. Comme une œuvre d’esthète ou de décorateur collectionneur. Tous ces objets, que ce soit la sculpture de Claude Lalanne, l’homme à tête de chou, une lettre de Chopin encadrée, l’original de la Marseillaise ainsi que des photographies de famille, des souvenirs comme la pipe que Brassens lui avait offert jusqu’au objets du quotidien comme ce cendrier « emprunté » au Lutécia dans lequel il reste les mégots des dernières cigarettes juste à côté du paquet de Gitane et du Zippo posé une dernière fois racontent l’univers de Gainsbourg à Gainsbarre.
Jean-Pierre Prioul y a écrit des textes avec beaucoup de pudeur et de simplicité qui racontent chaque pièce de la maison avec les anecdotes indispensables qui s’y rapportent, faisant ainsi vivre lieux et objets qui ont partagé la vie de Serge Gainsbourg.
Tony Frank a eu beaucoup de difficulté à revenir et entrer dans cette maison qu’il connait bien telle l’émotion qu’il ressentait était forte.
L’ombre de Serge Gainsbourg a imprimée les murs tendus de noir, hommage à Dali, de son repaire comme il l’appelait.
Le Génie du photographe, c’est de n’avoir touché à rien, rien bougé, rien déplacé et par la lumière et l’image rendu l’atmosphère du lieu au point de ressentir la présence de Serge Gainsbourg au fil des pages. Et pour donner plus d’ampleur à cela, il a ajouté quelques photos où Serge est présent, à son bureau, dans sa cuisine et même dès l’entrée comme s’il nous invitait à une visite privée de son antre de créateur.
Ce livre est une bulle d’émotions qui se dispersent au fur et à mesure qu’on le feuillette. Que l’on aime ou pas Gainsbourg, le découvrir à travers ces photos dans ce lieu inimaginable, chargé de ses souvenirs est émouvant. Ces objets ne sont pas inanimés et sous le regard du photographe racontent leurs souvenirs, leur histoire avec Gainsbourg. Il y a toujours beaucoup d’émotion à pénétrer dans la sphère privée de quelque artiste ou personnalité des arts, de la politique ou de l’histoire. C’est ce que restitue ce beau livre, un univers, où se sont créées de sublimes chansons. Ces photographies restituent un lieu de vie où pourtant une s’est arrêtée il y a 25 ans, mais qui respire encore pour l’éternité par chaque pore de cette maison, toujours vivante aussi par les fans qui y inscrivent sur la façade quotidiennement leurs sentiments pour l’Artiste poète.
Et pour encore plus d’émotion, Tony Frank a déniché des diapositives de tableaux de Serge Gainsbourg photographiés par son père. On sait qu’il voulait être peintre et que par dépit ou colère, il a détruit toutes ses œuvres. C’est un cadeau merveilleux que de découvrir ces reproductions inédites.
INTERVIEW DE TONY FRANK