JAZZ : ROY MOR – PREMIER ALBUM -« AFTER THE REAL THING » (Ubuntu Music / The Orchard) SORTIE LE 21 MAI 2021

On ne le connaît pas encore en France et pourtant il s’agit d’un musicien de tout premier plan qui nous émerveille avec un disque d’une grande musicalité et d’une tendre poésie, doublé d’un sens mélodique inouï et d’un groove irrésistible. Le pianiste et compositeur israélien Roy Mor a réalisé un disque mature, riche, et singulier, en nous proposant un subtil cocktail entre jazz post-bop et musique orientale (tel un voyage entre les Etats-Unis et Israël) servi par des musiciens hors-pairs qui expriment leur talent sur des compositions prégnantes et particulièrement enivrantes.
La base de la formation est un trio : piano, contrebasse, batterie avec Myles Sloniker à la contrebasse et Itay Morchi à la batterie. Un trio très soudé et cohérent, où les trois musiciens vont dans la même direction et ne forment qu’une seule entité au service de la mélodie, de l’harmonie et du rythme.

Un quatrième musicien très important vient se greffer sur près de la moitié des
morceaux, il s’appelle Amos Hoffman et joue de la guitare et du oud (on l’a notamment entendu chez le contrebassiste Avishaï Cohen). Il s’avère être un élément pivot primordial, car quand il joue, il fait osciller la musique, soit vers le jazz (par son jeu de guitare à la fois lyrique et swing), soit vers la musique du Moyen-Orient (avec son magnifique et étincelant jeu de oud).
Sur un titre (le subtil et délicat Nikanor), le trio est rejoint par Davy Lazar au bugle qui apporte beaucoup d’émotion et de sensibilité à cette superbe composition.
Pianiste élégant au jeu fin et subtil, Roy Mor a une grande connaissance du jazz post-bop et un sens inné du rythme et du swing. Ses chorus de piano sur chacun des morceaux sont particulièrement renversants. Il s’avère être aussi un compositeur très inspiré, épris de poésie et de philosophie, amoureux de la nature, de la beauté, et de l’amour. Comme en témoigne le formidable titre éponyme : After The Real Thing, mais aussi le succulent Jerusalem Mezcla (qui est le nom d’un plat traditionnel israèlien), ainsi que The Follower et Playground.

la reprise d’une chanson célèbre des années 1960 d’Arik Lavi, dont on reconnaît la mélodie, mais qui est transformée ici en une subtile ballade jazz-orientale qui évoque une belle réflexion philosophique sur le sens de la vie et notre rapport à la nature. La deuxième chanson israélienne : Do You Know The Way, date des années 1980, et là aussi une formidable métamorphose a lieu avec un savant cocktail piano-oud qui s’entremêle avec bonheur.
Enfin, en fin connaisseur du jazz, Roy Mor s’amuse avec la grille harmonique du fameux Solar de Miles Davis en nous proposant une savante relecture intitulée Solar Reimagined.
Et il nous propose également deux très belles et convaincantes versions des standards Speak Low (de Kurt Weill) et The Nearness Of You (de Hoagy Carmichael).