GWEN CAHUE Premier album « Memories Of Paris » (Label Ouest / L’Autre Distribution) Sorti le 1er mars 2019
Nouveau talent surgi dans la Djangosphère, Gwen Cahue renouvelle le répertoire du jazz manouche en proposant un premier album décapant. Clifford Brown, Antonio Carlos Jobim et Django Reinhardt sont ici à l’honneur, avec un hommage spécial rendu au pianiste Michel Petrucciani, disparu il y a tout juste 20 ans.
AU SUNSET LE 2 AVRIL 2019
Gwen Cahue : guitare solo
Julien Cattiaux : guitare rythmique
William Brunard : contrebasse
Special Guest : Bastien Ribot : violon
En 1988, Michel Petrucciani donne un de ses plus beaux concerts sur l’Île du Berceau de Samois-sur-Seine. À coup sûr, l’ombre de Django planait ce jour-là sur l’assistance. De Reinhardt, inscrit à jamais au firmament de la musique, à Petrucciani, nouvelle étoile de première grandeur surgie dans l’univers du jazz
hexagonal puis international, une ligne était donc toute tracée.
De sorte que, vingt ans tout juste après la disparition du pianiste, Gwen Cahue se trouve rudement bien inspiré de revisiter ce « Memories of Paris » au titre si irrésistiblement emblématique. Si, pour s’être frotté, entre autres, au versant parisien de l’aristocratie djangophile, le guitariste breton n’ignore rien de l’idiome proprement reinhardtien (exhalant lui-même comme nul autre les parfums de la capitale) – voyez « A Little Love, A Little Kiss » ou « Tea for
Two » –, il en offre ici une vision singulièrement décapante, qu’elle s’incarne en relectures racées (« The Man I Love », promesse de joyeux débordements à venir sur l’autel du tout-cordes), ou dans l’entreprise salutaire de renouvellement et d’extension du répertoire qui fait le sel de cet album : outre la cruciale ballade de Petrucciani, Gwen convoque en effet Clifford Brown
(« Sandu »), la sublime « Luiza » d’Antonio Carlos Jobim, tandis que le « Here That Rainy Day » de Van Heusen résonne, en guise d’ouverture, comme un discret clin d’œil à Wes Montgomery.
Pour accomplir son premier tour de piste, notre soliste s’est adjoint les services d’une des paires rythmiques les plus épatantes du moment (Julien Cattiaux à la guitare d’accompagnement et William Brunard à la contrebasse), le violon d’Henrik André prolongeant à trois reprises les textures subtilement élaborées du trio. Solidement épaulé et doté de cette fraîcheur à tout le
moins communicative, Gwen Cahue marque d’ores et déjà de son empreinte le cercle toujours recommencé de la djangosphère.
Max Robin