Le colombo est un plat épicé et goûteux très répandu aux Antilles, basé sur l’épice du même nom (venue des Indes). Il représente le symbole de la culture créole, ainsi qu’une très belle métaphore de la musique métissée, chaloupée et colorée, du pianiste et compositeur Hervé Celcal (né en 1975 en Martinique).
HERVE CELCAL “Colombo”(Ting Bang / L’Autre Distribution)
Sortie le 16 novembre 2018
En concert : Mardi 11 décembre 2018 à 21h
Au Studio de l’Ermitage
8, rue de l’Ermitage – 75020 Paris
Tél. : 01 44 62 02 86
M° Ménilmontant – Jourdain – Gambetta
Hervé Celcal : piano – Jérémy Bruyère : contrebasse – Stevie Landre : batterie
+ guests
Après de brillantes études de piano, diplômé de l’Ecole
Normale de Musique Alfred Cortot, où il prenait grand plaisir
à jouer Bach, Chopin ou Liszt, ainsi qu’une solide formation
au jazz et à l’improvisation, Hervé Celcal, comme un grand
chef cuisinier qui aime mélanger les ingrédients, a toujours
aimé rendre hommage à sa culture et à ses racines martiniquaises
en y intégrant son bagage à la fois classique et jazz.
Comme son précédent (et premier) album : « Bel Air For Piano »
publié en 2013 (Deb’s), Hervé Celcal utilise comme point de
départ la trame du bèlè. Le bèlè est une musique ancestrale et
orale qui accompagne la vie des martiniquais dans leur quotidien
et leurs cérémonies. Il est basé sur un joueur de tambour (le
tambour s’appelle aussi bèlè), un chanteur (la vwa douvan), qui
chante une mélodie sur des rythmes typiques reprise par des choristes
(répondè), dans la lignée des appels (call) et des réponses
(answer), que l’on trouve dans les work songs ou dans le gospel.
Dans Bel air for piano, Hervé Celcal avait composé des airs dans
la tradition bèlè et les a adaptés à son jeu de piano. Il a intégré les
figures rythmiques du tambour dans son jeu de main gauche et
joué les mélodies (vwa douvan et répondè) à la main droite.
Dans Colombo, avec son formidable batteur guadeloupéen Stevie
Landre (spécialiste des musiques caribéennes), au jeu touffu et
dense, il forme un duo particulièrement alchimique pour adapter
le bèlè dans une formule jazzy, complété par le solide et inventif
contrebassiste lyonnais Jérémy Bruyère.
Sur deux titres (Arawaks et Colombo) viennent se greffer un véritable
tambour bèlè (joué par Boris Reine Adélaïde) histoire d’intensifier
le bouillonnement rythmique. On trouve aussi la présence d’un
majestueux et sensuel violoncelle, joué par l’Uruguayenne Martina
Rodriguez, sur deux morceaux (Coolitude et Joug pou nonm) qui
amène une certaine gravité et une tonalité solennelle, afin d’évoquer
l’esclavage et la servitude. Hervé Celcal, qui rêve un jour d’écrire
pour un grand orchestre, a convié sur Créole, une section de cuivres
(trompette, trombone, soubassophone) afin de faire le lien entre
l’identité créole et les fanfares de la Nouvelle-Orléans. Enfin on
trouve la présence de la chanteuse Caroline Faber sur Coolitude,
ainsi que sur Arawaks.
Hervé Celcal aime les bons plats, la danse, et la fête, ce qui
ne l’empêche pas de réfléchir à ses origines et d’avoir une
pleine conscience de l’histoire tourmentée de son île. Avec
Colombo, il mixe ces deux aspects de sa personnalité et transforme
la tradition de chant ancestrale du bèlè en une musique instrumentale
actuelle et jazzy, riche, profonde, et succulente, comme les plats
d’un grand chef cuisinier. Bon appétit !
L’album s’ouvre avec An ti Chopin (yonn : le numérotage est à nouveau
en créole), sur un rythme « gran bèlè » où la force rythmique
du trio est immédiatement mise en avant. Il y a un savoureux jeu de
mot sur Chopin, car la mélodie évoque les mazurkas de Frédéric
Chopin, mais aussi le rhum martiniquais, car An Chopin désigne
en créole un demi-litre de rhum !
A découvrir !