Mocky soit qui mal y pense
Deuxième volet des souvenirs de Jean Pierre Mocky après « Je vais encore me faire des amis » dans lequel pour la première fois en soixante-dix ans d’une carrière hors normes et jalonnée de rencontres exceptionnelles, le trublion du cinéma français
déverrouille les portes de son jardin secret. L’homme ne faisant jamais dans la demi-mesure, c’est peu de dire qu’elles nous sont grandes ouvertes. Car au fond, qui est Jean-Pierre Mocky ?
Sous des dehors éruptifs de provocateur que rien ne semble pouvoir atteindre se cache un homme sensible, étonnamment altruiste. Un écorché vif en proie à une mélancolie « typiquement slave », contrebalancée par un humour implacable. Drames et désillusions sont peu à peu venus nourrir une œuvre dont seule la mort décidera du clap de fin – mort à laquelle il vient d’ailleurs d’échapper de justesse. Il en est désolé pour elle, mais elle attendra : « Mourir ? Plutôt crever ! »
Jean-Pierre Mocky n’est pas seulement une légende du cinéma français, il est de ceux qui l’ont fait à travers ses films. L’homme ne connait pas la langue de bois, c’est sa devise.
A travers ses films il a illustré ses révoltes et indignations. Scandales politiques et religieux, crimes sexuels, abus de faiblesse : tirant à vue sur la bien-pensance, il a souvent payé cher son indépendance et son franc-parler.
Dans son premier livre « Je vais encore me faire des amis » il avait évoqué entre autre le métier à travers une savoureuse galerie de portraits, riche en coups de cœur, coups de gueule et coups de sang. Car, s’il a su nouer des amitiés durables dans le métier, sa route est semée de fâcheries d’un soir et de brouilles définitives. Bourvil, de Funès, Delon, Deneuve, Visconti, Chaplin, Serrault, Godard, Eastwood et bien d’autres jalonnent son parcours atypique, pour le meilleur et pour le pire.
Mocky est truculent, sulfureux, drôle et nostalgique et d’une sensibilité inattendue.
INTERVIEW DE JEAN-PIERRE MOCKY